alex et klo à Tokyo

carnet d'un voyage de noces

posté le 08-04-2012 à 12:55:45

07/04/2012 : Bilan de notre première semaine

 

Quand je me balade dans Tokyo, j'ai l'impression d'être dans un livre qu'on m'aurait offert à mon arrivée : une jolie couverture, sur les premières pages il y a des choses écrites, certaines sont plus aérées, d'autres beaucoup plus denses, puis, pour qu'on puisse y écrire notre histoire, il y a des pages blanches qui ont des lignes et des marges qu'il faut suivre et ne pas dépasser. En haut de la page, il y a une flèche qui m'indique dans quel sens écrire et au bout de chaque ligne, un petit dessin mignon me conseille d'aller à la ligne. Il fait une petite musique douce quand on l'ouvre et me remercie de l'avoir utilisé quand je le ferme... C'est ça Tokyo. 

 

Ici, tout est ordonné, agréable. Ça fait presque une semaine que nous sommes ici et les seules fois où nous nous sommes fait bousculer, c'est par des occidentaux.

 

Ici, on fait la queue devant le métro et on attend que tout le monde soit sorti pour entrer (pas comme chez nous où tout le monde se bouscule et tant pis pour ceux qui veulent descendre). Quand les portes du métro ou du tramway se ferment, en France, il y a un bruit violent, ici, seulement une petite musique douce (chaque station à la sienne), d'ailleurs, les portes se ferment sans se claquer. Personne ne fait la manche ou ne dérange tout le monde en écoutant de la musique sur son téléphone.

 

Ici, quand les pompiers passent dans la rue, ce n'est pas toutes sirènes hurlantes mais avec une sirène en sourdine et dans un micro, un pompier dit "on est les pompiers, on va tourner à droite, laissez-nous passer s'il vous plaît. Merci et pardon de faire autant de bruit". La première fois, on cru qu'il y avait une catastrophe, puis comme personne ne paniquait, on a compris que c'est normal et on a cherché sur internet pour savoir ce qu'ils disent.

 

Ici, tout vous remercie de l'utiliser : le métro vous remercie, l'escalator vous remercie, les toilettes vous remercient, les employés des magasins dans lesquels vous entrez, dans lesquels vous faites un tour, dans lesquels vous achetez... 

 

Ici, il est indiqué partout ce que vous devez faire, ce que vous ne pouvez pas faire... pour nous étrangers, c'est très facile de s'adapter. Dans le métro, il y a des marques au sol qui disent où attendre, des flèches dans les escaliers pour vous dire de quel côté vous devez monter ou descendre. Dans l'escalator, on se serre tous à gauche pour laisser à droite un chemin libre pour les personnes pressées. 

Dans la rue, il y a toujours une délimitation au sol pour partager le trottoir en deux. D'un côté on va vers la gauche, de l'autre, on va vers la droite. Dans les quartiers moins fréquentés, le trottoir est aussi partagé mais au sol, il est indiqué que d'un côté, c'est pour les piétons et l'autre pour les vélos.

Des interdictions sont notifiées partout en japonais et en anglais : il est interdit de courir dans les stations de métro, les téléphones doivent être en mode silencieux dans les rames, il y a partout des panneaux interdisant de fumer, il y a des barrières partout sur les trottoirs pour que les gens ne traversent pas en dehors des passages piétons... On croise des policiers partout que ce soit à pied dans la rue ou dans les koban (mini commissariat où se trouvent un ou deux agents).

 

Hier, on s'est fait une réflexion que je confirme : je ne me suis jamais sentie aussi en sécurité. J'avais lu avant de venir qu'au Japon, une croyance qui veut que, lorsqu'un objet vous appartient, on considère qu'il contient une part de votre âme, par conséquent le voler serait très grave et le voleur en serait puni. Un exemple : on est passé devant une voiture de luxe garée sur le bord de la route, le moteur tournait et le propriétaire est sorti pour aller à l'épicerie, il a laissé sa voiture, porte ouverte et moteur en marche. Ce n'est même pas envisageable chez nous ! En fait, ici, on se sent en sécurité parce qu'il n'y a pas de gens bizarres... enfin si, il y a nous.

 

Pour les japonais, NOUS sommes bizarres. Nous sommes des étrangers dont il faut se méfier et ce racisme n'est vraiment pas dissimulé. Il est arrivé que je sois à la "smoking area", Alex n'était pas loin, un homme vient pour allumer une cigarette mais quand il s'approche, après m'avoir regardée de la tête aux pieds sans aucune discrétion, il se rend compte que je suis étrangère et passe son chemin.

Dans la rue, il y a beaucoup de gens qui distribuent des publicités : ils donnent des publicités à tout le monde sauf à nous, étrangers.

Dans les magasins, il n'est pas rare de voir des gens rentrer dans un rayon, nous jauger de la tête aux pieds et sortir au rayon.

Au magasin toujours, alors que j'étais à "la table pour mettre les courses dans les sacs", un homme qui avait posé ses courses près de moi les a récupérées pour s'éloigner un première fois, puis une deuxième, se mettant le plus loin possible de moi.

On le sent aussi souvent dans la rue où on nous regarde de travers, les enfants nous regardent comme des bêtes bizarres et dans les magasins de vêtements les filles ont l'air de chipies en nous regardant, comme si elles prenaient mal l'éventualité qu'on s'habille comme elles. 

Le soir où on est sorti boire un coup, sachant que beaucoup d'établissements refusent les étrangers, on s'est demandé si on allait pouvoir rentrer. Par chance, nous n'avons pas eu de problèmes. 

 

Quand, en France, j'entends parler de racisme envers certaines ethnies, je peux vous dire que ce n'est rien à côté d'ici et nous savons qu'en dehors des vendeurs, policiers à qui nous demandons notre chemin ou personnel de l'hôtel, il y a peu de chance que nous ayons des contacts avec des japonais. Au départ, on pensait que l'appareil photo (qui nous donne un gros côté touriste) était responsable mais même lorsque nous ne l'avons pas, les gens se comportent comme ça avec nous.  Nous supposons que l'ordre qui règne ici vient du fait que la culture du pays est préservée.

 

C'est un pays très replié sur lui même, c'est flagrant lorsque nous regardons les infos à la télé. Même si nous ne parlons pas la langue, nous les regardons tous les jours (ça nous a bien rendu service le premier jour de savoir qu'il risquait de se passer un truc niveau météo). Il semble y avoir très peu de mauvaises nouvelles, ils parlent tous les jours de Fukushima et ne parlent qu'exceptionnellement de l'étranger (on a compris qu'il y a eu un problème dans une centrale en France et un crash aérien aux USA mais ce sont les deux seules fois où on a entendu parler de l'étranger). 

 

Dans tous les reportages que nous avons vu, les agences de voyages, les gens qu'on a rencontré qui connaissent cette culture : tous nous ont promis un choc culturel. Finalement, on se rend compte que malgré le racisme, la vie ici (j'ai dit la vie, pas la nourriture :) hein) est très facile. Nous avons le sentiment que c'est comme ça que les choses devraient marcher, que le choc culturel, c'est tous les jours, chez nous en France que nous le vivons. On se rend compte qu'on est vraiment bien ici. 

 

Personnellement, je suis tombée amoureuse de cette ville. Je ne pensais pas que c'était possible. Avant de partir, je n'avais qu'une seule peur : ne pas vouloir revenir mais je ne savais pas pourquoi. J'ai toujours rêvé de venir ici sans savoir pourquoi, j'ai toujours été attirée par ce pays sans rien y connaître et j'ai transmis ce truc à Alex. C'est arrivé, on a envie de rester ici. Alex et moi avons bien conscience que c'est impossible car le racisme ici rend la chose très difficile voire impossible. 

 

Pour nous le choc culturel, ça sera à notre retour en France quand on se retrouvera face à la crasse, le bruit, l'agressivité... Ça va être très difficile pour nous. 

 

Tokyo, je ne t'ai rien apporté et je découvre ta richesse. Depuis que je suis avec toi, j'ai l'impression qu'un compte à rebours s'est déclenché. Je veux profiter de chaque moment près de toi parce que je ne sais pas si je te reverrai un jour. 

 

Tokyo, je ne t'ai rien apporté mais je t'ai déjà laissé une larme...

 

 

 


Commentaires

 

1. kty  le 08-04-2012 à 20:32:53

ouahhhhhhh quelle émotion ..... vous y retournerai c'est certain mais vous m'avez donné envie d'y aller aussi
bisous

2. ZEINA  le 10-04-2012 à 01:36:12

tu es une vrai poète, tu aurais du devenir écrivain car même à des milliers de km on ressent ton ressenti et on voit tes émotions comme si on était avec vous

3. alex-et-klo-a-tokyo  le 10-04-2012 à 11:08:32  (site)

C'est tellement fort ce qui se passe entre Tokyo et nous...

4. kty  le 12-04-2012 à 03:01:00

que les photos de nuit sont chouettes , profitez en mes chéris ....bisous doux

5. kty  le 12-04-2012 à 03:01:29

c'est qui ZEINA ????

6. Fuchan  le 01-06-2013 à 01:35:38  (site)

Racisme???
C'est un peu exagéré. Cela fait vingt ans que je vais au Japon et on ne m'a jamais regardé de travers... Surtout à Tokyo où les gaijins sont légion. L'intégration est difficile, mais il suffit de connaitre les règles.
Parfois, dans des villages paumés, je sens qu'ils sont un peu gênés, mais pas racistes...

7. alex-et-klo-a-tokyo  le 01-06-2013 à 16:16:40  (site)

Il est vrai que le mot racisme est un peu fort, mais cette distance, ou cette méfiance (?), c'est du racisme qu'elle nous a inspiré. Cette façon de nous saluer et nous remercier en anglais la plupart du temps alors que nous saluions en japonais, cette façon de s'éloigner de nous... C'est comme ça que nous l'avons pris.

 
 
 
 

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