Harajuku, c'était LE quartier qu'on voulait voir. Réputé pour être très fréquenté par les jeunes au look décalé et les boutiques de mode et d'accessoires pas chers. On était vraiment prêts à découvrir ce que les reportages et sites internet décrivent comme un autre monde et je me réjouissais déjà à l'idée de pouvoir trouver quelques bricolettes décalées et moins chères que tout ce que nous avons vu jusqu'alors.
Vers 14h30, nous descendons du métro. Il y a beaucoup de monde. Nous suivons le mouvement de la foule et atterrissons devant Takeshita Dori, la rue la plus animée de Harajuku.
Nous nous engouffrons dans cette petite rue, la foule se fait plus dense encore. C'est le week-end et on dirait que tout Tokyo s'est donné rendez-vous ici. Nous avons les yeux grands ouverts à l’affût de la moindre perruque extravagante, la moindre robe gothic lolita ou sweet lolita, le moindre maquillage ultra fantaisiste... appareil photo opérationnel...
Nous entrons dans une première boutique, les prix sont les mêmes qu'à Shinjuku ou Shibuya. Pareil dans la deuxième...
Au premier étage d'un bâtiment, nous voyons une boutique avec des robes qui sortent de l'ordinaire. Nous montons pour y rentrer. Nous sommes chez Body line.
Il y a plein de robes lolita, des jupons, des accessoires... Dès que nous rentrons dans la boutique, c'est un gros changement avec ce que nous connaissons : les vendeuses crient "Irashaimaseeeee" d'une voix très aiguë à chaque fois que quelqu'un entre dans la boutique déjà bondée, la musique a un goût familier... des chansons de disney en japonais version techno, j'adore. On est presque tous les deux en train de les chanter à tue tête (en français) en regardant les robes. Il y a des robes que je sais que je ne trouverai jamais ailleurs, je voudrais en essayer deux mais il n'y a pas de cabine d'essayage et ici, je ne peux pas me permettre d'acheter un vêtement sans l'essayer. Une vendeuse nous confirme qu'il n'y a pas de cabine. Tant pis...
Nous pénétrons ensuite dans une boutique (disons plutôt un couloir où nous marchons, les jambes dans les vêtements entre les portants qui sont de part et d'autre de nous). L'endroit est rempli de vêtements à paillettes très "carnaval de Rio" mais tout est vraiment de mauvais goût. Nous montons à l'étage d'une autre boutique où il y a trois autres clients. La vendeuse nous salue d'un "irashaimaseeeeeeeeeeeeeee" et baragouine quelque chose que nous ne comprenons pas. Nous hochons la tête et la gratifions d'un sourire poli. Elle baisse la tête, nous faisons trois pas dans le magasin et elle reprend son speach "Irashaimaseeeee Konichi wa kudasai arigato gosaimasu" (ou un truc comme ça). Je me dis que d'autres clients sont rentrés. Puis elle recommence. Ce cirque doit durer bien deux minutes et au moment où je me retourne, je me rends compte que nous sommes les seuls clients. Nous sortons de la boutique. Nous sommes dans les escaliers, elle ne peut plus nous voir mais elle continue à parler toute seule... C'est une autre culture.
Devant toutes les boutiques, dans la rue, il y a des vendeuses qui portent un panneau et crient "irashaimaseeeeeeee" et les promos du jour ou annoncent l'arrivée de la nouvelle collection. Là où en France on aurait mis un simple panneau ou une affiche, ici, on paye quelqu'un pour crier et inciter les gens à entrer. Entre le brouhaha de la foule, la musique des boutiques, les vendeuses qui crient, il y a vraiment beaucoup de bruit.
Nous entrons dans un magasin de chaussures qui proposent des paires à 1900 yens (enfin quelque chose d'abordable). Je m'empresse de rentrer, trouve une paire de chaussures bleu ciel avec des petits talons. Ici les tailles se comptent en lettres : S - M - L -LL. Je prends une paire en L, je fais du 39, ça devrait m'aller... J'ai les pieds ultra quichés. Je prends du LL. Pas plus de succès. La vendeuse nous indique qu'il n'y a pas plus grand que LL. Ici, tout nous rappelle que notre taille n'est pas standard. La plupart des autres boutiques ne proposent rien d'introuvable en France ou de très décalé et de plus, tout est très cher. 9000 yens la moindre jupe, les sacs sont au minimum à 12000 yens... beaucoup trop cher pour notre budget serré. Je commence à comprendre que je ne repartirai pas d'ici avec une robe ou des chaussures parce que rien n'est à ma taille.
Nous quittons Takeshita Dori pour nous diriger vers Omotesando. Cette avenue est assez décevante car, tout comme à Ginza, on ne retrouve que des magasins de grandes marques et des boutiques de luxe : Dior, Chanel, Dolce & Gabbana... rien de bien intéressant.
Cette journée a finalement été assez décevante. Je m'attendais à trouver des bricoles pas chères et finalement c'est aussi cher qu'ailleurs, rien n'était vraiment original dans les boutiques. Alors que nous nous attendions à voir des hommes habillés gothiques et vraiment décalés (dans le style "black butller" pour ceux qui connaissent, on en a vu plus sortir des bars avant d'aller au marché au poisson) ou des filles habillées comme dans les clips pop idol et ben... rien de rien. On a un peu l'impression que les gars qui font les reportages de voyages ont passé une semaine plantés ici à traquer le moindre look spécial pour nous donner l'impression qu'on ne voit que ça dans le quartier. Assez déçus, nous retournons à la maison nous reposer et détendre nos jambes qui deviennent plus lourdes à chaque pas...
Nous ne voulons pas rester sur une journée échec et plus tard dans la soirée, nous sommes ressortis pour faire un tour pour boire un verre à Kabukichô (le quartier chaud de Tokyo).
Nous sommes samedi soir et on ne voulait pas rater un samedi soir à Tokyo.
Kabukichô, c'est le quartier des bars à hôtes et hôtesses (oui, ici il existe des bars à hôtes pour femmes). Sur les blogs que nous avons lu, on avait compris que c'était du style Pigalle mais à tous les étages des immeubles.
En cinq minutes à pieds, nous y sommes. La rue est très animée, il y a beaucoup de monde, des groupes de filles sorties entre copines, des groupes de garçons. Il y en a qui sont déjà bourrés, d'autres sont même déjà allongés sur le trottoir. Devant les entrées des boîtes, des bars, des karaoké, il y a des vigiles et dans la rue, des rabatteurs d'origine africaine (ce sont les seules personnes d'origine africaine que nous avons croisés depuis que nous sommes au Japon) nous alpaguent en anglais pour nous faire entrer dans leur club. Nous refusons et passons notre chemin.
Partout dans cette rue, on entend de la musique, des affiches plus qu'explicites sur les services rendus par les jeunes femmes à l'intérieur sont éclairées où qu'on regarde...
On était partis pour boire un verre mais une fois dans l'ambiance, faut avouer qu'on fait moins les malins. Il ne faut pas oublier que les bars sont souvent au sous-sol ou dans les étages des immeubles, par conséquent, de l'extérieur, on ne voit rien . La perspective de payer un droit d'entrée (pour un bar "de rue", c'est gratuit mais un club privé c'est en moyenne 2000 - 3000 yens par personne hors consommation) pour se retrouver dans un endroit glauque plein de prostitué(e)s tenu par la mafia nous arrête. On s'est dit que si on tente, soit on rentre et tout se passe bien, soit ça ne nous convient pas et on risque de ne pas pouvoir sortir sans consommer, soit on peut sortir mais on perd le prix des entrées... Bref. On est restés dans la rue.
Ce qui est hallucinant, c'est que malgré la foule, malgré l'alcool, malgré la luxure ambiante, malgré la présence évidente de la mafia, on se sent toujours en sécurité. Les gens ne se bousculent pas, personne ne hurle ou ne chante, il n'y a aucun mouvement brusque dans la foule. Nous décidons malgré tout de rentrer tranquillement chez nous. Tant pis, on aura pas bu de verre à Kabukichô et l'idée même de sortir en boîte de nuit est définitivement abandonnée.
Commentaires
1. Cricri2Bdx le 09-04-2012 à 01:17:45
Tres sympas de suivre vos aventures.
Continuez à vous régaler & à nous faire profiter.
2. marioncoum le 31-01-2013 à 15:56:36
Le lieu de rassemblement des "personnages" que vous cherchiez est situé à l'entrée du Temple Meiji. Le dimanche est plus propice à les trouver et franchement ils sont bien là sans avoir à les débusquer
3. alex-et-klo-a-tokyo le 31-01-2013 à 16:49:47 (site)
Même à cet endroit là, il n'y avait personne. On était vraiment déçus, mais on y retournera lors d'un prochain voyage